PATRICK BRUEL

Bluffé, Patrick Bruel hisse les Béthunois au rang des grands hommes.

THÉÂTRE MUNICIPAL

Une soirée mieux que dans ses rêves. Quel plus beau compliment Patrick Bruel pouvait-il faire à ses fans béthunois ? Comblés, ils ont siroté une soirée acoustique « comme au salon ». Rentrée réussie pour le théâtre municipal.

« Vous m'avez mis par terre... » Il n'a pas l'air de plaisanter, à l'arrêt sur son tabouret.
Les Béthunois viennent de lui donner la réplique en portugais et ça, ça ne lui était encore jamais arrivé sur cette tournée. Pour le coup, c'est lui qui se retrouve « décalé ». Il avait lancé les premières phrases comme on jette un filet à la mer. Sans penser que la prise serait si bonne. Ému, il a du mal à enchaîner. Ces 900 personnes, au comble du bonheur, viennent de se faire une place dans sa mémoire.
Ils (enfin, elles) s'en doutaient un peu. Ne leur a-t-il pas avoué qu'il avait « l'impression de tenir un pur-sang dans cette salle » ? Du pain bénit pour des fans dont les premiers ont fait le siège du théâtre dès 9 h du matin. Des gens qui ont mis le grappin sur les billets en deux heures - il l'a lu dans le journal. Est-ce ce feeling qui le fait trébucher aux portes de son tour de chant ? Seul avec sa guitare, parce que « on m'avait dit de ne surtout pas jouer au poker avec les musiciens », il rate un couplet. Il y a bien des huées mais c'est pour rire.
Ça va durer comme ça plus de deux heures, dans une salle choisie pour son intimité. « Un salon ». « On va chez les gens, on met un piano, une guitare et puis on voit. » Ce qu'il voit, c'est plusieurs générations chantant Bruel dans le texte. Ça commence à 4 ans, ça file jusqu'à une habituée de 80 printemps qui regrette qu'il ait boudé Mon amant de Saint-Jean .
De plus de 20 ans de carrière, il a pioché dans celles de ses chansons qui le racontent le mieux. Thérapie collective depuis l'enfance jusqu'à la Place des grands hommes. « Ahhhh ! » de bonheur. Entre elles et lui, c'est Pour la vie. Et toujours avec humour. Chorégraphie minimaliste mais jeux de lumière au cordeau, il s'amuse. Ses groupies, dont les « doyennes » sont venues avec leur fille, il aime toujours les titiller. Il faut voir ces quadragénaires alanguies serrer compulsivement le bras de leurs copines parce qu'il susurre une chanson d'amour qu'elles ne prennent que pour elles. Et pourtant il sait être vache. Se rappeler des filles qui « l'regardaient comme ça » à une époque « où elles ne portaient le jean large qu'avec des bretelles » Et de se gausser des mines outrées de femmes tournées vers leurs maris (ceux qui ont eu le droit de venir). « Mais dis queq'chose ! » Il se rattrape en chantant « Joyeux anniversaire » à la maman d'une fan. Moins hystériques qu'au plus fort de la Bruelmania, ressuscitée par Marre de cette nana-là, les fans ont tout de même vite cédé à l'envie de sauter sur leurs pieds. On parie même qu'elles avaient répété leurs « youyous », ambiance Café des délices.
Sérieux, il peut l'être. Quand il chante le 11 Septembre ou pile au milieu d'une chanson pour tancer non ceux qui prennent des photos mais ceux qui filment.
Plaidoyer pour l'industrie audiovisuelle et applaudissements. Le voilà rassuré : il garde son titre de gendre et amant idéal. Il peut partir tranquille après plusieurs rappels. C'était sa première à Béthune et, il a promis, pas sa dernière.
PAR ISABELLE MASTIN
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