Compte-rendu du Festival Bancs Publics- Le bal de Juliette à Besançon les 20 et 21 juillet 2010

Philippes

Nouvelle version de « la plus belle pour aller danser » par la chanteuse Juliette.

Les 20 et 21 juillet, dans le cadre du festival de la région de Franche Comté « les bancs publics », 12 000 personnes sont venues applaudir la chanteuse Juliette et ses invités au cœur de la Saline royale à Arc et Senans, dans un spectacle intitulé « le bal de Juliette ».

A noter, la Saline royale utopie et symbole du patrimoine industriel du siècle des lumières, est un chef d’œuvre de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, et elle est d’ailleurs classée au patrimoine mondial de l’humanité par l'Unesco.

C’est au cœur de ce magnifique ensemble architectural que Juliette, en compagnie de Julie Zenatti et Michèle Bernard, a offert une nouvelle version pleine de fantaisie et d’humour à la chanson « la plus belle pour aller danser ». J’ai trouvé que cette version était très réussie.

Une nouvelle fois, on pouvait mesurer combien cette chanson est ancrée dans la mémoire collective : une référence de la chanson française !

C.E.J.N

Juliette charme la Saline royale






Juliette/Photo David Cesbron, Région Franche-Comté

La chanteuse et ses invités ont séduit les 12 000 spectateurs de Bancs Publics rassemblés les mardi 20 et mercredi 21 juillet, pour ses deux concerts exceptionnels à la Saline royale d’Arc-et-Senans (25). Jeux de scène, délires et extravagance étaient au rendez-vous de ces soirées estivales !


Juliette aime les fêtes populaires et elle sait faire partager sa passion. Pendant plus de deux heures, le public a voyagé à travers les styles musicaux pour vivre son bal. C'est avec "la foule" d'Edith Piaf, chanson chorégraphiée par Marie-Claude Pietragalla qu'elle débute le spectacle. Les spectateurs sont tout de suite sous le charme. C'est ensuite la période yéyé avec "la plus belle pour aller danser" que l'artiste malicieuse revisite avec la complicité de Michèle Bernard et Julie Zénatti. Point de bal sans accordéon. ici il prend la forme de la chanson éponyme de Serge Gainsbourg, brillamment interprétée par Michèle Bernard. S'en suivent le twist d'Alexis HK, la valse lente de Juliette, le tango du crooner argentin Daniel Melingo, l'incontournable slow merveilleusement mis en scène par la compagnie Pagnozoo... Et même si la pluie s'est invitée à la fête mercredi, les spectateurs réchauffés par une Juliette solaire n'en ont pas pris ombrage. Au contraire, ils en redemandent.
Avec la comédienne Clotilde Courau, Juliette s'amuse en chantant "les garçons de mon quartier". Son dernier duo enchante les spectateurs : Bernard Lavilliers lui donne la réplique en interprétant "mémères dans les orties", une chanson phare de la joyeuse artiste. Les applaudissements fusent et se prolongent bien au-delà du bouquet final, qui voit tous les artistes se rassembler autour de l'inimitable Juliette pour un dernier rappel au piano.

Hortesie

Le Bal de Juillet de Juliette, début.

Passons rapidement sur les 4 heures 30 de route, passées très vite grâce à l'aimable compagnie des steel drums, de Bobby Lapointe et d'un florilège de jazz, sur la découverte de maints paysages ravissants, et sur la sieste avortée - pour Henri, parce que moi j'ai dormi ½ heure – à l'hôtel des Bains.

Passons aussi sur le sandwich mangé sur le pouce, et les personnages inouïs qui sont passés devant la fenêtre du café pendant que nous regardions l'impressionnante entrée de la Saline royale.

Jusque là, il n'avait pas plu. Jusque là, tout se présentait très bien. Jusque là, nous espérions que le froncement menaçant de nos sourcils à l'adresse des nuages découragerait ceux-ci de crever au-dessus de nous.

Les bras chargés de parapluies, de bouteilles d'eau, de k-way, de sacoche photo et de petit carnet, nous nous présentâmes au stand idoine, afin qu'Henri puisse retirer le badge « Presse » qui lui permettrait de prendre des photos et d'aller partout. Et là, Brigitte, figure-toi la tête que j'ai faite quand la dame m'en a donné un aussi !!

Nous sommes allés nous installer à un emplacement stratégique, près du manège, et je me suis préparée à tenir la position, pendant qu'Henri faisait ses essais de photos... et puis sa sieste, finalement. Un couple installé derrière nous m'a donné un programme (ils l'avaient en double), ce qui m'a évité d'aller le chercher à l'entrée, et permis de griffonner dessus au fur et à mesure que se déroulait le spectacle.

Je passe aussi sur le décor enchanteur de la grande esplanade de cette Saline, conçue par Ledoux sous Louis XVI, et construite par des tas d'ouvriers anonymes, comme toujours. Mais là n'est pas la question ! Les photos d'Henri sont là pour témoigner que les uns et l'autre ont bien travaillé...

Donc, on était tranquilles, assis sur la pelouse, quand, vers 21h30, les gens se sont levés en vague, depuis la scène jusqu'à nous et au-delà. On a fait pareil (parce que les genoux du public, surtout vus de derrière, ça lasse vite).

Pour introduire le concert, une personnalité régionale est venue nous annoncer que la pluie tomberait entre 22h25 et 22h35. Ce qui était juste, mais incomplet !

Enfin, celle que nous attendions tous est entrée en scène, dans la tenue qu'on voit sur les photos d'Henri, noire, fluide, élégamment simple. Juliette nous a souhaité la bienvenue au bal, même si, apparemment, nous n'aurions pas vraiment la place de danser.

Et puis le spectacle a commencé - attention les yeux, et les oreilles !

N°1 « La Foule », chantée par Juliette et dansée par Marie-Claude Pietragalla. Cette danseuse, quelle force, quelle beauté dans chaque mouvement, elle est très impressionnante... On a été vraiment gâtés, encore une fois, de l'avoir... Cette première chanson a été pour Juliette l'occasion de nous faire connaître l'accordéoniste Daniel Mille, qu'elle aura cité une dizaine de fois dans le spectacle, et je pense que le public a bien retenu son nom. (Méthode pédagogique dite « du marteau », efficacité prouvée !)

N°2. « La plus belle pour aller danser », avec Julie Zenatti, Michèle Bernard, et Juliette. Ça m'a fait plaisir de voir Julie Zenatti, car nous l'avions manquée aux Muzik'elles de Meaux en 2008, où elle n'était pas venue, finalement. Je l'avais entendue toute jeune, quand elle faisait « Fleur de Lys » dans la comédie musicale « Notre-Dame de Paris » (oui, j'avais y été !), et une voix comme la sienne mérite qu'on l'entende un peu plus. Sur des bons textes, si possible...
Juliette a introduit la chanson du ton poli de la dame de la météo quand elle annonce « la pluie arrivera par l'ouest suite à une dépression sur l'Océan Atlantique », sauf qu'elle a dit : « Nous les filles, quand nous allons au bal, nous commençons par nous maquiller et nous parfumer, car nous sommes moches et nous puons. »

N°3. Michèle Bernard nous a interprété « L'Accordéon », accompagnée par.... Daniel Miiiille, messieurs-dames ! Cet instrument est présenté par Juliette comme international, ainsi que l'est d'ailleurs la cornemuse.... C'est le genre de remarque qui me plonge généralement dans de profondes réflexions, au risque de manquer la suite du concert. Gardons donc la méditation sur la cornemuse pour plus tard, et passons à :

N°4. « Daniela » !!! Interprétée par l'élégant (et beau !) Alexis HK, sous l'oeil de Juliette. Ai-je bien entendu, ou était-ce une hallucination auditive ? Au lieu de l'attendu « Mais si tu n'as pas vingt ans, tu n'es plus une enfant », Alexis HK n'a-t-il pas dit, s'adressant à Juliette : « Mais si tu n'as plus vingt ans... », ce à quoi la Patronne a réagit vigoureusement d'un « Oh hola ! » réprobateur.
J'ai oublié de parler des Garçons ! Car ils étaient là, tous sauf Karim, remplacé au piano par Sébastien Jaquot. Ils nous ont joué de leurs multiples instruments, et Juliette nous a dit que c'était Franck qui avait fait tous les arrangements, ce qui m'a fait pensé qu'il méritait bien son titre de Chouchou.
Reprenons la track-list.

N°5. « Ragga abscons » par Juliette herself (d'un autre côté, qui d'autre aurait pu la chanter sans se taper au moins trois mois de travail acharné pour l'apprendre ?) Première écoute live et ravie pour moi, comme d'autres chansons de cette soirée, et par exemple, puisqu'on en parle :

N°6. « Impatience ». « Il y a tellement longtemps.... » Ah qu'elle est belle cette chanson ! Juliette s'est mise au piano pour la chanter, soutenue par ses Garçons. On a appris en passant que la musique d'Impatience est un « Boston », que Juliette prononce à la française... "bosse thon" (je replonge momentanément dans d'intenses réflexions)

N°7. « C'que t'es belle » de et par Alexis HK. Avec, à l'accordéon, Daniel Mille !!! Super chanson.

Mes voisines commencent vers ce moment à faire des commentaires désobligeants sur les nuages. J'y jette un coup d'oeil, et c'est vrai qu'ils n'ont pas l'air commodes, ces nuages, à se rassembler l'air de rien en roulant des mécaniques. En plus, de temps en temps, on voit un éclair. On n'entend pas le tonnerre, ce qui veut dire que l'orage va passer assez loin (assez pour que le bruit du tonnerre soit couvert par la musique, en tout cas), mais on n'échappera sans doute pas à une marge de pluie...
Le spectacle continue comme si de rien n'était, avec :

N°8. « Les îles grecques », demande spéciale de Juliette à Michèle Bernard, avec qui elle chante. Michèle Bernard fait une petite dédicace en cours de route aux « petits nuages d'Arc-et-Senans »... et Juliette lui passe ses lunettes vers la fin, ce qui a pour immédiate conséquence que Michèle Bernard prend la voix de Nana Mouskouri ! Sauf qu'elle y voit tellement peu qu'elle en a presque du mal à jouer de l'accordéon, et Juliette la débarrasse rapidement de cet accessoire...

N°9. « Aragon et Castille », chantée par Juliette après une belle introduction sur le Paso doble (prononcé à l'espagnole cette fois !) et le fait que les enfants adorent cette musique... Cette chanson nous a ramené un peu de soleil... du moins virtuellement, car les nuages en ont encore profité qu'on était occupés par la scène pour se rapprocher un peu !

Et voilà la pluie ! Mes voisines regardent leurs montres : il est 22h25, heure prévue par les autorités. Les parapluies éclosent et ça commence à être difficile de noter tout en protégeant le tas d'affaires de la pluie et en tenant le parapluie, bien haut pour que les gens de derrière puissent voir par-dessous ! Mes voisins s'organisent bruyamment et commentent le temps (on évalue la densité de la pluie en regardant les gouttes qui passent dans le faisceau des projecteurs). Et Henri est parti faire un tour. Sans son k-way ! Tout ce tintouin est un peu dommage pour la très jolie chanson qui passe à ce moment, et qu'on a un peu moins entendue :

N°10. « Piensa en mi » que Juliette nous présente comme un boléro lent. Julie Zenatti revient pour chanter avec Juliette, et j'ai juste le temps de penser que j'aimerais bien qu'elles recommencent, parce qu'avec tout ça on en a manqué la moitié... juste le temps avant que la chanson ne s'arrête !
Il se passe des choses du côté du manège, près duquel je suis, tenant la position, le parapluie, le stylo, le programme appuyé sur le carnet; la bouteille d'eau (sans son bouchon) coincée entre les pieds. Des fois, il faut être acrobate ! Justement, s'en sont, des acrobates, qui entrent : chevaux et cavaliers, mais surtout cavalières. Juliette les présente : c'est le cirque équestre Pagnozoo.

N°11. « Fina estampa » !!! Juliette chante pendant que nous suivons les évolutions des voltigeuses et de leurs beaux chevaux. C'est un moment de franche béatitude, malgré la pluie et tout ce qui s'ensuit. Je me dis, en voyant les mouvements parfaits des artistes « Comme Henri doit prendre de belles photos ! ». Tu parles !

Je suis en train de repivoter (le parapluie, la bouteille, etc...) quand Henri revient, assez mouillé, et me demandant si j'ai bien profité du spectacle, parce qu'il n'y aura pas de photos souvenirs sur les chevaux, à cause de la pluie....

N°12. « Les garçons de mon quartier », version originale, cumbia bien rythmée. Juliette la chante avec Clotilde Courau.

Henri repart, tandis que la pluie semble se calmer un peu, mais ce n'est qu'une feinte ! Finalement, elle durera plus ou moins jusqu'à la fin du spectacle.

N°13. « Volver », que nous avons entendue l'année dernière salle Gaveau, et dont on ne se lasse pas. Juliette est une excellente chanteuse de tango ! A la fin de la chanson, mon chouchou à moi entre, c'est Melingo !!!

N°14. Melingo nous chante « Montmartre de Hoy ». Il a sa belle voix grave et rocailleuse, son chapeau et ses mimiques formidables. Il nous a fait notamment un magnifique « vibrato de chapeau » que la caméra a attrapé. Il ne nous reste plus qu'à trouver le film du spectacle !

N°15. « Honky tonk woman ». Je n'en ai pas vraiment profité car je ne voyais quasiment plus la scène à cause des parapluies de devant. De plus, le parapluie de mes voisins de droite faisait gouttière au-dessus de mon épaule, ce qui n'était pas super... J'ai juste vu qu'Alexis HK était revenu sur scène avec Juliette, et que Didier faisait un chouette solo (y'a la photo d'Henri).

N°16. « Mémère dans les orties ». Entrée d'un nouvel invité, Bernard Lavilliers, qui accepte de se laisser insulter pendant le temps d'une chanson. Un garçon de bonne composition, ce Bernard.

N°17. « Bidon-bidonvilles » de Nougaro, par Bernard Lavilliers, Michèle Bernard et Juliette.

C'est vers ce moment que « tenir la position » prend une signification plus insistante. Insistante comme la poussée de mon nouveau voisin de droite, arrivé de je ne sais où. Il n'est pas tout seul. Dès que je redresse un peu les épaules, que je bouge un peu les coudes pour me détendre, je bute dans ceux de derrière... ça devient un peu pénible, d'autant plus qu'une grande place s'est faite à ma gauche, avec un bon couloir de vision. Ils pourraient se déplacer... moi je ne peux pas, avec mon tas ! Mais c'est comme à la plage en Corse, ma tante avait remarqué ça : « tu arrives sur la plage quasi vide, ta réaction, c'est de te mettre à un endroit bien tranquille, avec toute la place qu'il te faut. Eh ben, le touriste qui arrive, où il se met ? Collé à ta serviette, mi ! alors qu'il a l'embarras du choix !! C'est toujours comme ça.»

Mais je passe. Le spectacle approche de la fin, et on voit des gens commencer à partir (le train spécial festival s'en va à 23h50). Pour l'instant, on nous offre depuis la scène :

N°18. « Le Bal » de Bernard Lavilliers. Les gens dansent un peu, plus vers le fond de la pelouse, où il y a plus de place. Je tiens toujours la position !

N°19. Melingo revient ! Et il n'est pas tout seul, pour « Narigon ». Juliette en profite pour nous parler de la « clave 3-2 » : « Pour briller en société, il ne faut plus taper des mains sur les temps, ni même sur les contre-temps, mais il faut faire la clave 3-2 ! Melingo va vous expliquer ça. » Tout le monde est sur scène, et nous montre comment taper « 1-2-3... 1-2 ! ». (De quoi alimenter un nouveau chapitre du bréviaire de l'aficionado !) C'est le grand Final....

Et puis cette fois j'en ai marre ! « Vous savez, vous seriez mieux à ma gauche, il y a beaucoup de place, et moi je ne peux pas bouger de là !», dis-je à ce £*! voisin de droite en lui désignant le tas dissimulé par le k-way d'Henri. « Non, non, ça va aller », répond-il en se décollant enfin de mon bras. A la bonne heure !! Je vais pouvoir écrire à peu près normalement....

Justement, c'est la fin, y'aura plus rien à écrire... la pelouse se vide en petits ruisseaux de gens qui font écho à ceux, mouillés, qui entrent dans mes chaussures depuis une heure et demi maintenant... Mais je me débrouille comme je peux, sans doute avec les autres mains qui ne tenaient rien, et je bat le rappel (pas en clave 3-2), pour faire revenir la musique...

… et la revoilà, en la personne de Juliette, qui nous régale de:

N°20 : « Une bonne paire de claques », seule au piano.

Et voilà. Ce fut ! Henri revient, « ça dansait bien, vers le fond, y'avait de la place »...

Mais la fatigue, les vêtements trempés et le monde découragèrent notre photographe d'aller faire sa bise à Juliette, et nous sortîmes lentement de la Saline..... sous un ciel enfin serein !!!!!!!