Julie zenatti Le Journal de la Diva

Le JOURNAL DE LA DIVA

CHAPITRE 3

octobre 2008


Mes anciens amours ne ce sont jamais bien loin…. Pascale Shembry m’a déjà écrite sensible, en colère ou osée par le passé… elle m’a entendu femme enfant et aujourd’hui je lui raconte l’amoureuse que je suis. On est en période de vacances scolaires elle peut s’échapper quelques jours de sa Provence, et de son boulot de maman pour affronter le brouhaha des trottoirs parisiens et les regards frénétiques des passants. Elle se sent comme une étrangère quand elle se retrouve à Paris. C’est une femme qui a eu plusieurs vies Pascale, j’en suis certaine. C’est une femme libre qui respire au rythme de ce que son esprit désire.
L’auteur qu’elle est, vénère tous les genres de mots et de maux (enfin de maux dans le sens blessures évidement) elle s’en inspire et les expire dans un souffle généreux… elle ne juge pas, et c’est ça aussi que j’aime chez Pascale. Alors je lui raconte l’histoire d’une amoureuse qui aime jusqu’à s’en oublier et qui même finir par détester quand elle sent la fin arriver. Une femme qui pense tout donner à l’autre mais qui simplement, égoïstement tente de satisfaire une boulimie enfantine, que même trois overdoses successives de Nutella ne rassasieraient pas.
De thé en thé chez moi, il fait doux, le ton est à la discussion, des idées fusent, le fumant du thé jasmin se dissipe et laisse place nette à une silhouette de…. geisha. Bingo, la geisha pourrait être la représentation noble de mon histoire enfin, et j’aurais très envie d’incarner aussi ce fantasme là ! Parce que je suis un peu ça ou presque en fait… ou pas … je ne sais plus… mais le temps à se chercher n’a plus une minute à perdre et cette image me parle. Alors quelques jours plus tard, Pascale, m’e-mail le texte de « Comme une geisha, insoumise, docile à la fois…. » Pendant ce temps-là moi je vais régulièrement chez Fred Château essayer des titres depuis quelques semaines et puis ce jour là, je suis très fière, je lui agite sous le nez le texte que je viens de recevoir de Pascale. Il le lit… puis pas un mot, pas un mot comme d’hab ! Bon faut dire que le garçon n’est pas très expansif mais je vois dans son œil que ces rimes vont bientôt lui trotter dans la tête…

Un jeudi de la fin d’octobre 2008 à Paris, chez Mamie dans le 18^ème.

Je suis en plein diner familial chez… mamie ! Dring dring… Fred Château on the phone oh zut…. pour quitter la salle à manger c’est limite si je ne dois pas monter sur la table car il est impossible d’en faire le tour. C’est un paquebot dans une piscine gonflable cette foutue table ! Plan B, j’ai le format qui s’y prête, je me faufile sous les jambes de tata, cousins, cousines, sista, direction le salon pour avoir un minimum d’intimité : « Allo oui, j’ai un truc, j’ai fait un truc, ça tue ! » J’adore sa modestie à mon Fred, ça fait partie de son charme ! « Ca fait deux heures que je la joue en boucle sur ma batterie, c’est eighties à mort, cinématographique, je te l’envoie immédiatement. Tu sais Julie l’album doit être pop aussi et je suis sure que c’est dans la direction qu’il faut aller, j’ai un truc c’est super ! ». Magie de la technologie quand elle ne me boude pas, je reçois au même moment son e-mail avec un MP3 en pièce jointe, que j’écoute direct sur haut parleur. La mélodie a l’air de plaire… ouai… de plaire à mes oreilles mais aussi de plaire au reste de ma famille dans l’autre pièce. Parce que je n’y entends plus rien, ni discussion, ni bruit, ni blabla, tout est calme ! Tout d’un coup ce silence est rompu par une mamie qui crie « C’est servi, je veux TOUT LE MONDE à table !!! » Pendant que je déguste son veau au citron, j’ai dans ma tête cette mélodie de « Comme un Geisha » qui m’agace tellement elle m’obsède les oreilles. Oh ça y est j’ai envie de la chanter…


La lecture par Julie

Retrouvez le mp3 ici:

https://juliezenatti.forumpro.fr/divers-f70/le-journal-de-la-diva-3-t4664.htm#103076

JOURNAL DE LA DIVA – CHAPITRE 4

Paris, Montmartre. octobre 2008

Les jours passent, des chansons naissent ? C’est un automne fructueux qui brasse des mots, des notes, des états et des gens… Aller à Montmorency c’est mon quotidien, avec Fred Château nous sommes de plus en plus complices, on rit, on essaie des chansons et on mange des gâteaux ! Il y a quelques jours j’ai rencontré par le billet de Fred Delliaux un nouvel auteur Thierry Surgeon… Un garçon timide, étrange et d’une sensibilité étonnante. Il est en train d’écrire son premier roman et dit avoir besoin d’une récréation. Il écrit violent, érotique, dirige et mêle les mots dans des directions opposées, créant des paradoxes d’une poésie extrême.
Ce projet d’album réunit des plumes qui se complètent et me font penser qu’il est bon de s’abandonner au son des mots des autres. Une fois encore, c’est le désir qui mène la danse dans cette histoire. Thierry me cherche dans ses refrains. « En scène comme deux figurants, cœur défiguré par le boxe du temps ». J’adore cette phrase. J’aime immédiatement les métaphores de Thierry et la manière dont il tord le coup aux mots de tous les jours. Chateau lui dit un jour qu’il a lu dans le magazine « Elle » qu’en amour, il y en a toujours un qui souffre pendant que l’autre s’ennuie. Thierry a l’air assez d’accord avec cette idée là. Je suis curieuse de savoir où ça les mènera. Moi j’observe en souriant. C’est comme de connaître la réponse avant que la question ne soit posée …
Chateau, c’est un super papa qui vit dans sa grande maison, qui essaye de ne plus passer de nuits blanches à composer pour vivre avec les siens le jour, qui tente de freiner sa passion pour ne plus qu’elle envahisse son quotidien. Il aspire à une vie simple, comme il dit, et pourtant… pourtant Fred dégage un mystère qui dit tout le contraire. Il est « border line », dans le bon sens du terme. Il court après le rationnel pour rendre les gens autour de lui heureux, mais il a cette passion qui le dévore et parfois même, le dépasse. Fred s’exprime essentiellement par l’intermédiaire de son piano. La communication avec Chateau, c’est bien au delà des mots. J’ai mis un certain à la comprendre et aujourd’hui, je l’apprécie d’autant plus. Un jour il nous fait écouter à Thierry et à moi, une mélodie dramatique digne d’un bon vieux Péplum, sur laquelle cette phrase est posée comme un gimmick : « Dans la nuit l’un souffre, l’autre s’ennuie »… C’est ainsi que ces deux écorchés vifs accouchent d’une chanson sur deux amoureux qui se perdent dans les méandres de la vie en couple. Il y a parfois des thèmes dans lesquels on se reconnaît tous. Quel que soit le parcours qu’on ait, les histoires d’amour qu’on a vécues, et les blessures qu’on porte, la vie est définitivement un sacerdoce… même si on est pas fait pour vivre seul !

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Le mp3 est disponible en téléchargement ici:

https://juliezenatti.forumpro.fr/divers-f70/le-journal-de-la-diva-chapitre-4-le-29-mars-2010-t4837.htm#105738

JOURNAL DE LA DIVA – CHAPITRE 5

Automne 2008

Des mélodies pleuvent au rythme des feuilles qui tombent sur le jardin de Château en ce mois d’octobre, mais les mots se font rares. On manque d’abandonner en chemin des compos qui me transportent car les deux Fred ne veulent que des thèmes forts et des mots hors du commun. « Pas question de faire un album de variété pour une chanteuse à voix », quelle ironie ! C’est le leitmotiv qu’ils se balancent les uns autres. Et ça me fait rire, j’ai l’impression d’être un building en pleine rénovation. De l’autre côté, eux les auteurs ne lâchent pas l’affaire. Ils sont très impliqués sur cet album et ça me touche, ça me touche beaucoup. Quand on pense que… Thierry par exemple pensait que tout ça ne serait qu’une récréation. Et puis on me dit qu’il me faut de jolis bijoux sur lesquels ma voix n’aura pas à en faire des tonnes…
C’est ce que me dit Pierre-Yves me dit à plusieurs reprises. Il n’aime que lorsque je chante simplement, sans ce vibrato qui amplifie le drame, sans artifices quoi. « Tu sais, tu mets peut-être des vibes là où les mots te mettent mal à l’aise, comme pour les déformer ou ne pas les entendre ? T’as déjà pensé à ça ? », me dit t’il dit un jour. L’entendre de sa bouche ne me vexe pas bizarrement. Pierre-Yves a peut-être raison après tout. Alors on vit tous les mots à sa façon. Et Château, lui, prend toujours des gants pour me dire les choses qui ne vont pas, et puis finalement plus on se connaît, plus on se moque de cette chanteuse que j’invente quand je suis mal à l’aise en fait.

Cet album est une expérience étonnante quand même. Un an auparavant dans les coulisses des Enfoirés (enfin ou plutôt dans un couloir d’hôtel, passablement éméchés pendant la semaine des Restos en fait en sortant d’un concert), on avait parlé du « lâcher prise ». J’avais parlé de ça avec Frédéric Delliaux, bien avant qu’on commence à travailler ensemble. Et aujourd’hui un an plus tard je me dis que c’est probablement ce que je suis en train de vivre, là tout de suite, à cet instant. Pour la première fois en dix ans, je me dis que je n’écrirai pas, je ne composerai pas sur cet album. Je vais me laisser porter par la vague, la sensation est grisante …
Montmorency, 28 octobre 2008
Les jours ont raccourci. Aujourd’hui je m’attaque à « Ma douleur », une autre perle de Pierre-Yves Lebert. Ce texte me fait flipper. Comment chanter ces mots quand on a toujours l’impression que les bobos, les atteintes, les douleurs du cœur sont une fatalité et qu’elles ne servent à rien sinon qu’à nous consommer petit à petit ? « Le bonheur est à tout le monde, ce cheval c’est le mien. Le bonheur est à tout le monde ma douleur m’appartient » et bah voilà…
Alors comment mêler la joie aux choses qui font mal, en acceptant l’idée que c’est un tout. Dans ma vie ou le gris n’est pourtant pas total, la lumière se fait difficilement. Et pourtant la chanson dit « Ma douleur est un menteur ». Alors à moi de lui donner la place qu’elle mérite pour ne plus qu’elle m’handicape. « Ma douleur est un menteur » d’accord… et « Ma douleur est mon moteur ». Je crois que c’est cette phrase qui va tout déclencher. Alors oui pudeur est nécessaire pour laisser la place aux mots de Pierre-Yves et le recul, est inévitable pour laisser la mélodie de Château prendre son envol. Tous les deux ont réussi le pari, à moi de trouver ma place là dedans. « Ma douleur » est une chanson sur laquelle je suis sûre que les cœurs peuvent s’arrêter. Parce que, parce qu’elle est réelle, il y a ceux qui s’arrêteront fugitivement, parce qu’ils ne sont pas tout à fait en accord avec eux-mêmes et puis il y a ceux qui s’y arrêteront longuement pour en respirer l’extrême poésie, la mélancolie, l’espoir subtil qu’elle dégage. Moi je suis à mi-chemin et là j’ai envie…..

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JOURNAL DE LA DIVA – CHAPITRE 6

Paris, Montmartre. 15 novembre 2008
Petite promenade dominicale dans Montmartre en vue d’un brunch. J’aime pas le dimanche, ça m’angoisse… Je suis en compagnie de mon fidèle ami « Bigoudi », qui est un peu comme moi… On traine des pieds tous les deux dans les ruelles montmartroises, tandis que mon estomac gargouille sévère. Mes yeux s’arrêtent brusquement sur la vitrine d’une petite boutique « vintage » aux allures de dressing des années 30…
Ma boulimie vestimentaire prend direct le pas sur mon envie de ptit déj tardif et je m’engouffre dans cette petite caverne pour y chasser le trésor… Dehors il fait doux, alors je fouille dans les p’tites robes. Soudain mon téléphone vibre. « Ah non c’est dimanche, lâchez moi !», je grogne tout haut, perdue dans les tissus qui sentent la naphtaline, mais ce dernier continue de s’exciter jusqu’à en tomber par terre. Il faut dire que mon meilleur ami ce jour là est un jogging adidas xxl, dont les poches m’arrivent aux genoux et ne retiennent pas grand chose…
Sur l’écran du téléphone, c’est Fred C inscrit en majuscules qui s’énerve. Ca ressemble à une urgence,genre alerte rouge, Chateau au taquet ! S’il insiste autant que ça, c’est sans doute pas pour prendre de mes nouvelles, pas vraiment son style. Je finis donc par décrocher pendant qu’une jolie robe rouge crayon me passe direct sous le nez ! A l’autre bout , le Fred me dit sur un ton pressé, limite agacé : « Bon alors, t’aime Maria Callas, hein ? Je viens d’avoir une idée de composition sur le thème de la Wally, mais c’est un gros chantier, alors avant que je devienne dingue, je t’appelle pour voir ce que t’en penses ». Sur le coup ça me démange de rebondir sur le fait qu’il vient enfin de m’avouer qu’il est frappé du crâne, mais ça pourrait aussi bien déboucher sur un débat du genre « Euh …ben vas y, argumente ! A partir de quoi et quand on est dingue d’abord ? …. » Vue l’heure, je préfère me taire, car j’ai pas envie de perdre ma dernière occasion de boire un café en terrasse !
Je lui balance donc simplement « Top, j’adore la Callas et le thème est magique ! Tu sais, quand j’étais gamine, mon père, pour rigoler ou parce qu’il est mon père, me disait :ma fille tu dois avoir un lien de parenté avec la Callas !!! enfin…. Jamais eu le temps de finir de lui raconter mon anecdote d’enfant heureuse… il avait déjà raccroché !
Je connais mon Fred et si je n’avais pas répondu au téléphone, il aurait pu tout aussi bien oublier l’idée comme elle lui était venue et passer à une autre. Voilà comment « Appelez moi Maria » est née … un dimanche de novembre où il s’ennuyait ferme et ou nous errions dans Montmartre comme des âmes en peine
Depuis ce jour, j’attends avec impatience les petits cadeaux musicaux et l’inspiration qui me dévoreraient à m’en faire oublier que je hais les dimanche !

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JOURNAL DE LA DIVA – CHAPITRE 7


Le 5 Février 2009
Cela fait déjà quelques mois que nous travaillons sur ce nouvel album…. J’aime de plus en plus les chansons… l’herbe tendre, ma douleur, venise 2037….
Depuis les fêtes, je nous sens tourner un peu en rond… les uns après les autres, nous nous sommes laisser surprendre par des mots, des notes, des partitions de cordes digne de Hans zimmer mais là…. On se prend la tête sur des mélodies qui ne trouvent pas d’histoires à me faire chanter , moi qui m’accroche à des chansons qui ne trouveront pas leur identité…. On a besoin de renouveau… Fred Château décide de partir enregistrer à budapest les cordes des titres qui figureront de manière certaine sur l’album…
Alors avant son départ , il a besoin que je refasse des voix… nous sommes le 5 février, au programme, l’herbe tendre et la tuà metà… la version en italien de mon poème érotique ! C’est mon anniversaire ce soir, et clairement, je vais le fêter en chantant avec des gens qui ne sont pas encore mes amis et mon manager…. Ça me fait tout drôle, en plus 28 ans… ça m’angoisse… mais Comme c’est un jour important , enfin, c’est ma dernière vraie année avant le grand saut…. Les 30 ans… 29 ans ça compte pas,c’est un placebo avant…l’âge qui vous confirme que vous êtes une adulte responsable et plus une ado attardée… enfin, c’est surtout la glace qui vous l’affirme le matin au réveil… les joues sont moins roses, le mythe des valises sous les yeux devient réel et les kilos en trop, pour rigoler, s’installent… alors je m’habille bien, me maquille un peu …et pars avec le poids de mes 28 années à Montmorency… je passe le portail, tout le monde a zappé… on me dit même pas que je suis en beauté, bref , l’état idéal pour implorer de l’amour !
L’auteur de « la tua metà » Thierry Sforza, est là, il va m’aider pour la prononciation du texte, p4 un nouvel arrivant est là aussi… ça fera plus de monde autour de la table quand on ira diner… … je m’installe en bonne élève derniére le micro, fred est trop mignon, il m’a fait une jolie lumière tamisée dans la cabine pour que je me sente plus à l’aise, me dit de prendre mon temps que nous ne sommes pas préssés mais rien à propos de mon anniversaire… ça me travaille… mais je reste muette ! bon j’suis prête à tout donner… je retire mes talons, m’encre dans le sol, cherche une position agréable pour commencer… les premières notes du piano de l’herbe tendre traversent mes oreilles, mais faux départ, j’ai l’esprit ailleurs… « Fred : « pas de souci ma Julie, on a le temps… » entends-je au loin… et dans ma caboche :
Si tu savais, moi j’ai pas le temps, j’ai 28 ans aujourd’hui, tout s’accèlére, c’est horrible…
Bref, c’est reparti, je me concentre après m’être excusée platement… électro cardiogramme plat…. Il ne se passe rien entre la chanson et moi…
Fred décide alors de nous emmener diner et là le mot est laché : mon manager Alain : « ma July, on va fêter ton anniv au resto…. » tout le monde en chœur : « oh on ne le savait pas…. Bon anniversaire ….etc… » nous voilà arrivé dans le seul resto ouvert de montmorency…. Château y est accueilli comme un roi…. Et là, petit apéro, vodka pour tous…. L’ambiance est sympa j’apprends à connaître ces gens avec qui je vais partager encore une bonne partie de l’année… j’ai la tête dans les étoiles, nous rentrons au studio, je suis un peu gaie… et voilà, j’ai 28 prinptemps et une belle chanson en boîte : « l’herbe tendre »… pas besoin d’en faire tout un plat finalement… j’ai encore 364 jours avt le grand saut !

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