Festival en Ré des auteurs - compositeurs salle de la Prée à l'Ile de Ré - Ars le 5 août 2011

Les auteurs-compositeurs sortent de l'ombre

La sixième édition du Festival aura lieu du 3 au 5 août. Au programme : Graeme Allwright, Yves Duteil, Emma Daumas et Julie Zenatti


Emma Daumas chantera vendredi soir. photo archives thierry david

Derrière les tubes se cache souvent un auteur inconnu. C'est pour rendre hommage à ces artistes de l'ombre que le Festival des auteurs-compositeurs d'Ars-en-Ré existe. Du 3 au 5 août, la sixième édition met en avant la création, sans oublier la variété (1). Mercredi soir, le festival débutera par une projection du film « Île de lumière ». Un long-métrage sur la carrière du compositeur de musique contemporaine Dominique Probst. La famille de l'artiste vivant à Ars depuis les années 30, plusieurs scènes du film ont été tournées dans la commune.

Un film pour l'ouverture
Si ouvrir un festival de musique par un film peut sembler paradoxal, Élisabeth Ruckstuhl, l'organisatrice de l'événement, revendique ce choix. « Cela montre que nous sommes capables de rendre hommage à la création d'une manière originale. » Présent lors de la projection à la salle des fêtes d'Ars, Dominique Probst prendra le temps d'échanger avec le public. Une soirée qu'Élisabeth Ruckstuhl qualifie de « mise en bouche ».



Dès le lendemain, le public se rassemblera dans la salle de la Prée, pour assister à la finale du concours de composition Ré Crée chorales. Ce concours, lancé en mars dernier, récompenses des chansons originales créées par des auteurs-compositeurs. Seule règle imposée : ces chansons doivent être adaptées au répertoire des chorales. Car le but de cette compétition est avant tout de renouveler ce répertoire qu'Élisabeth Ruckstuhl n'hésite pas à considérer « désuet ». Au cours des derniers mois, la présidente du festival a reçu plus d'une cinquantaine de textes assortis de partitions. Parmi eux, cinq ont été présélectionnés pour participer à la finale. Jeudi, ces titres seront interprétés par l'ensemble vocal Arsis 75 pour la première fois.

Après la remise des récompenses, place au show. L'artiste Graeme Allwright viendra se produire sur scène, accompagné de ses deux musiciens. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais il est l'auteur de chansons devenues incontournables comme « Jolie bouteille, sacrée bouteille » ou « Emmène moi ». « Ses titres sont tellement connus qu'ils font partie de notre patrimoine. Qui n'a pas chanté ses chansons à l'école ou en colonie ? », souligne l'organisatrice

Vendredi, le festival se terminera sur une touche plus populaire. Après avoir accueilli Philippe Lavil l'année dernière, c'est au tour d'Yves Duteil de chanter sur la scène de la Prée. L'auteur de « Prendre un enfant par la main » interprétera ses plus grands succès, devant un public multigénérationnel.

Une salle de 850 places
Il partagera la tête d'affiche avec Emma Daumas et Julie Zenatti. Contre toute attente, ces deux chanteuses ne sont pas uniquement interprètes. Elles écrivent et composent une partie de leur répertoire. Ainsi, Emma Daumas, surtout connue pour avoir participé à la « Star Académy », a par exemple coécrit son titre « Regarde nous ». En invitant ces artistes, Élisabeth Ruckstuhl espère « faire un pied de nez aux préjugés » et mettre en avant « la créativité d'Emma Daumas et la magnifique voix de Julie Zenatti ».

L'année dernière, le festival avait accueilli 550 personnes par jour. Avec ses 850 places, la salle de la Prée devrait pouvoir satisfaire les fans de ces artistes de qualité.

Hélène Guinhut

(1) Pratique : le mercredi 3 août, 21 heures, « Île de lumière », salle des fêtes d'Ars. Jeudi 4 août, à 21 heures, concours de composition Ré Crée Chorales, concert Graeme Allwright, salle de la Prée. Vendredi 5 août, à 21 heures, concert Emma Daumas, Yves Duteil, Julie Zenatti, salle de la Prée. Renseignements et réservations à l'office de tourisme d'Ars, au 05 46 29 46 09.

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Festival en Ré : “Je veux mettre les auteurs-compositeurs sous les projecteurs”

L'équipe du festival s'apprête à lever le rideau sur la 6e édition qui courra du 3 au 5 août prochains à Ars-en-Ré. Élisabeth Ruckstuhl, fondatrice et présidente du festival, revient sur l'origine de la manifestation, la programmation et l'esprit du festival.



Le Phare de Ré : Comment est né le Festival en Ré des auteurs-­compositeurs ?

Élisabeth Ruckstuhl : J’ai longtemps travaillé pour des maisons de disques. Je travaillais principalement autour des interprètes. Mais sans les auteurs-compositeurs, il n’y a pas de “tubes”. Je trouvais injuste de voir leur nom écrit en tout petit sur les boîtiers de CD. J’ai donc voulu mettre sous les projecteurs ces femmes et ces hommes de l’ombre. Mais je ne dénigre pas l’interprétation qui est aussi très importante. Il y a le timbre de voix, le charisme.
J’ai également vécu une longue et belle amitié avec Loulou Gasté, qui a notamment écrit Ma Cabane au Canada et des chansons d’Yves Montand. La dernière fois que j’ai parlé à Line Renaud, sa veuve, elle m’a dit combien Loulou serait fier de savoir que ce festival existe. Il pestait toujours contre le peu de reconnaissance qu’ont les auteurs-compositeurs. Étant moi-même fille de musicien, je suis également très attachée à cette reconnaissance.

Pourquoi avoir choisi l’île de Ré ?

Tout d’abord parce que j’y viens depuis vingt-cinq ans, et que c’est un endroit que je connais bien. Mais cela n’est pas suffisant. Je trouve que c’est un lieu créatif et inspirant. L’île de Ré en général et Ars-en-Ré en particulier est une pépinière d’artistes. C’est probablement la plus forte concentration d’artistes au m2 !
D’ailleurs, l’ancrage régional est très important. J’ai déjà entendu des personnes parler du Festival d’Ars-en-Ré, au lieu du Festival en Ré. Preuve que l’événement est bien associé à un lieu.

En six éditions, le festival a beaucoup évolué.

Effectivement. La première édition s’est déroulée à La Maline. J’avais invité des auteurs-compositeurs à chanter eux-mêmes leurs créations. Comme ce sont tous des musiciens, ils savent parfaitement chanter. En les écoutant, on voyait le public réagir, ne sachant pas qui se cachait derrière ces succès de la chanson française.
Dès la troisième édition, j’ai choisi de laisser la place aux interprètes, soit parce qu’ils sont auteurs-­compositeurs de leurs œuvres, soit parce qu’ils souhaitent rendre hommage aux personnes qui ont imaginé les chansons qu’ils chantent.
Entre-temps, le festival a également migré vers Ars-en-Ré où il se déroule chaque année.
Depuis ses débuts, le festival garde le même esprit. C’est un événement non commercial. Les artistes ne sont pas là pour tenir la scène seule pendant une soirée entière. Nous construisons des spectacles avec des artistes de plusieurs générations. Cette année, par exemple, Yves Duteil se produira le même soir qu’Emma Daumas et Julie Zenatti. Le public de l’un découvrira les deux autres et inversement. Nous sommes dans l’échange avant tout.

Après avoir investi la placette de la mairie à Ars, le festival s’installe cette année dans la salle de La Prée. Pourquoi ce choix ?

La renommée du festival allant en augmentant, nous commencions à être limités pour accueillir les spectateurs. Jusque-là, notre jauge était de 550 personnes. Avec la salle de La Prée, nous pourrons atteindre 800 places. J’attendais cela depuis longtemps. Nous étions totalement tributaires de la météo. Même si nous avons eu la chance de ne jamais avoir de pluie pendant le festival, nous avons de forts coups de vent. Nous scrutions la météo marine avec attention avant chaque concert. Désormais, non seulement nous pourrons accueillir plus de public, mais en plus nous pourrons le faire dans de bonnes conditions.

Comment se déroule la préparation du festival ?

Elle nécessite un an de travail. Il faut s’occuper de la production financière, qui consiste à trouver de l’argent et des partenaires, de la production exécutive qui englobe les moyens techniques et la logistique, mais aussi la programmation, la direction artistique, les relations avec les médias… C’est un travail à plein-temps. Heureusement, je suis très bien entourée. Il y a l’équipe parisienne, constituée de gens du métier, avec notamment Virginie Vannier et Virginie Petit, très présentes sur la direction artistique. Et il y a également l’équipe rétaise, dirigée par Jean-Claude Labouheure, et composés de passionnés. Au total, nous sommes une quinzaine de personnes à nous atteler à la préparation du festival. C’est une formidable aventure humaine.

En parallèle de la programmation du festival, le public assistera à la finale du concours Ré Crée Chorales. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J’ai eu un déclic à la sortie du film Les Choristes de Christophe Barratier (plus de 7 millions de spectateurs sont allés voir le film en salles, ndlr). Jusque-là, je pensais que l’univers des chorales était réservé aux personnes âgées ou aux enfants. Je me suis mise à inventorier les chorales en France et je me suis aperçue que c’était un phénomène énorme. De plus, des personnes de 25, 30 ou 35 ans en font également partie. Or, le répertoire habituel des chorales n’est pas adapté à ce public-là. J’ai donc imaginé un concours qui permettrait le renouvellement des chansons proposées aux chorales. Aujourd’hui, je reçois une cinquantaine de chansons par an de la part d’auteurs-compositeurs. La sélection se fait au mois de mai et la finale a lieu pendant le Festival en Ré, au mois d’août. Cette année, cinq chansons sont en lice. Elles seront interprétées par l’ensemble vocal Arsis-75 et jugées par un jury constitué du compositeur Jean-Claude Petit, du chef de chœur Christopher Hyde, et présidé par le musicien et chef d’orchestre, également Rétais d’adoption, Pierre Deville. Après le concours, la chanson lauréate figurera dans un recueil de partitions édité par La Boîte à Chansons. La mission de renouvellement est accomplie !

6e Festival en Ré des auteurs-­compositeurs, du 3 au 5 août à Ars-en-Ré (salle omnisports de La Prée).

3/08 (21h) : projection du film L’île de lumière, Dominique Probst. 4/08 (21h) : finale concours Ré Crée Chorales concert Graeme Allwright. 5/08 (21h) : concert d’Yves Duteil, Julie Zenatti, Emma Daumas.
Entrée libre à la soirée du 3 août. Soirées des 4 et 5 août : Plein tarif : 22 €. Tarif réduit (moins de 20 ans) : 15 €. Billetterie sur place ou aux offices de tourisme d’Ars-en-Ré, des Portes-en-Ré et Rivedoux-Plage.

Renseignements au 05 46 29 46 09.

http://www.pharedere.com

Yves Duteil : “La scène, c'est un révélateur”



Yves Duteil se produira sur la scène du Festival en Ré, vendredi 5 août. Il partagera l'affiche avec deux jeunes auteurs-compositeurs-interprètes : Emma Daumas et Julie Zenatti. Interviewé par "Le Phare de Ré", il revient sur ses quarante ans de carrière, son prochain album et le Festival en Ré auquel il participe pour la première fois.
Le Phare de Ré : Aimez-vous les festivals ? Qu’ont-ils de différent par rapport aux concerts où vous êtes seul à l’affiche ?
Yves Duteil : Pour moi, un festival, c’est une émulation, un bouillonnement de talents. Plein d’artistes d’horizons différents se rassemblent, échangent. Le public vient pour vous voir, mais aussi pour voir d’autres artistes programmés. C’est un peu comme une association de bienfaiteurs.

Vous allez partager la scène avec deux jeunes artistes : Emma Daumas et Julie Zenatti. Les connaissez-vous ?
Pas encore, mais j’ai hâte de les rencontrer. La scène, c’est un révélateur, un endroit où on ne triche pas. Il y a une vérité qui s’en dégage. Ce sera une vraie découverte que d’écouter ces deux artistes. On ne connaît un artiste que lorsqu’on l’a vu sur scène. Et j’ai un grand respect pour les confrères. J’adore entendre une belle chanson. De plus, je trouve que, de nos jours, le talent foisonne.

Le Festival en Ré met l’accent, depuis ses débuts, sur les auteurs-compositeurs. Pensez-vous que ces artistes, dont vous faites partie, aient besoin de cette reconnaissance ?
Je suis très touché par la démarche du festival. Les projecteurs sont souvent braqués sur les interprètes. Or, la surprise vient souvent des auteurs-compositeurs. Il faut les sortir de leur cachette. Je suis issu d’une génération d’auteurs-compositeurs qui s’est mise à interpréter ses chansons. Peut-être parce qu’on n’avait personne pour les chanter. Aujourd’hui, les émissions de télévision poursuivent cette sacralisation des interprètes. On formate plus que l’on ne forme. Mais, grâce à internet, les auteurs-compositeurs prennent aujourd’hui leur revanche.

Au cœur de la programmation du Festival en Ré, on trouve la finale du concours Ré Crée Chorales qui a pour mission le renouvellement du répertoire des chorales. Beaucoup de vos chansons sont interprétées par les chorales françaises. Quel regard portez-vous sur ces ensembles vocaux ?
Un regard très bienveillant. Les chorales permettent aux chanteurs non professionnels de pouvoir chanter. Je trouve cela magnifique. C’est l’expression même de la recherche de l’harmonie. Tous ces gens qui viennent d’horizons complètement différents et qui se retrouvent pour chanter. J’ai moi-même beaucoup chanté avec les chorales. Je trouve très intéressante la démarche du festival qui souhaite renouveler le répertoire. On est dans la création. De plus, j’ai pu voir que le jury était prestigieux (le compositeur Jean-Claude Petit, le chef de chœur Christopher Hyde et, le président du jury, le musicien et chef d’orchestre Pierre Deville, ndlr).

Concernant votre actualité, vous avez sorti au printemps dernier un coffret de trois CD, intitulé Intimes convictions, qui revient sur l’ensemble de votre carrière. Cette étape était importante pour vous ?
Dans le cadre de ce projet, j’ai renoué avec mon ancienne maison de disques, EMI. L’idée est partie d’une équipe de jeunes qui souhaitaient rééditer mes chansons. C’est un véritable panoramique de toute ma carrière, pas seulement des années passées chez EMI. D’ailleurs, le titre Intimes convictions reflète assez bien ma carrière. Dans mes chansons, il y a quelque chose de personnel, mais aussi du militantisme. Contrairement à ce qu’on n’a pas pu dire ou écrire sur mes chansons, beaucoup de mes textes ont une part d’engagement. C’est le cas notamment de Dreyfus (Yves Duteil est le petit-neveu d’Alfred Dreyfus), Grand Père Yitzhak, La Langue de chez nous, etc.

Sur votre blog, vous écrivez que vous travaillez actuellement à la préparation de votre prochain album, attendu pour l’automne 2012. Comment se passe la préparation de ce nouveau disque ?
Pour vous, cela peut sembler long. Pour moi, 2012, c’est demain. Je travaille avec un calendrier à l’envers. Je me mets un peu la pression. Pour une sortie à l’automne 2012, les chansons doivent être finies au printemps pour pouvoir les travailler ensuite avec une équipe et donc, l’écriture doit être achevée début 2012, soit, dans moins de six mois. J’ai la lame dans les mains. Quand on est jeune, on écrit tout le temps. Quand on a écrit 200 chansons, il devient plus difficile de se renouveler tout en restant fidèle à soi-même. Écrire un album, ce n’est pas comme écrire une chanson. Cela nécessite une vraie plongée en profondeur pour donner une pérennité aux textes. Si j’écrivais aujourd’hui, je pourrais écrire sur l’affaire DSK ou une autre actualité. Mais je resterais à la surface des choses. Il y a des choses beaucoup plus profondes qui se passent. Notre monde est en train de changer sous nos yeux.

Programme

Mercredi 3 août (21h)
Projection du film L’île de lumière, Dominique Prosbt de Laura Beldiman et Jean-Philippe Raymond

Jeudi 4 août (21h)
Concert de Graeme Allwright
Finale du concours de composition Ré Crée Chorales avec l’ensemble vocal Arsis-75

Vendredi 5 août (21h)
Concert d’Yves Duteuil, Emma Daumas et Julie Zenatti

6e Festival en Ré des auteurs-­compositeurs, du 3 au 5 août, Salle de la Prée à Ars-en-Ré.
Entrée libre à la soirée du 3 août.
Soirées des 4 et 5 août : Plein tarif : 22 €. Tarif réduit (moins de 20 ans) : 15 €. Billetterie sur place ou aux offices de tourisme d’Ars-en-Ré, des Portes-en-Ré et Rivedoux-Plage.
Renseignements au 05 46 29 46 09.

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