julie Zenatti et les Enfoirés 2009 Diffusion le 06 mars sur TF1

La salle de réception-distribution est pleine en cette première après-midi d'ouverture. Pessac, dans la proche banlieue de Bordeaux, n'est qu'un des 35 centres du département auxquels s'ajoutent 6 antennes dans lesquelles un millier de bénévoles s'efforce d'aider 51 500 personnes en leur fournissant 1 280 000 millions de repas sur l'année.
Bruno Lalande, le président départemental, est venu voir si tout s'organisait au mieux dans ce centre où il a commencé son travail de bénévole, il y a plusieurs années. Et dresser les mêmes constats qu'au plan global. Olivier Berthe, le président national, soulignait que « cette année, même avant l'ouverture de la campagne d'hiver, les inscriptions étaient en hausse de 5 à 10 % ». Même remarque en Gironde, où Bruno Lalande note une augmentation des retraités, des travailleurs précaires, des femmes seules avec enfants et d'une population rurale, pour l'essentiel des saisonniers. Il y a d'ailleurs de plus en plus de bénéficiaires à la campagne, déplore le président départemental, qui explique que, les trois centres du Médoc n'étant pas suffisants, des antennes ont été ajoutées. « Nous avons aussi une camionnette-épicerie pour les endroits les plus reculés. »
Avant et après la crise
Au cours de la campagne précédente, sur le plan national, les 2 000 centres des Restos avaient accueilli 700 000 personnes et servi 91 millions de repas. Ce devrait être plus pour cette 24e campagne, craignent les animateurs de l'association caritative lancée en 1985 par Coluche. « L'aggravation de la précarité en France a des racines beaucoup plus anciennes que la crise financière actuelle », explique Olivier Berthe. « Les problématiques de pouvoir d'achat remontent à un an, un an et demi. Les choses seront encore plus difficiles dans douze à dix-huit mois. Il faut constituer des réserves afin de faire face à une situation qui ne va pas s'améliorer. » Il a donc appelé les Français à « un sursaut de générosité », expliquant : « On nous donne autant, mais ça coûte plus cher et il y a plus de gens à aider. »
L'association, en effet, « constitue une chaîne de A à Z », démontre Bruno Lalande. « Les achats se font sur le plan national grâce à l'argent des donateurs et des Enfoirés qui représentent 40 à 50 % des ressources. 20 % sont fournis par les plans européens d'aide aux démunis qui risquent d'être en baisse en 2009. Enfin la collecte nationale des 6 et 7 mars prochain permet d'assurer les distributions entre avril et novembre. » Aussi, quand un jeune Talençais d'un groupe de musique arabo-andalouse passe une tête dans le bureau pessacais pour proposer un concert début 2009 au profit des Restos, le président s'empresse d'accepter tout en recommandant : « Demandez aux spectateurs de payer avec un colis de nourriture équivalent au prix que vous fixez. Ce sera plus simple pour nous sur le plan administratif et c'est aussi nécessaire de façon urgente. »
D'autres actions
Les Restos ne sont pas la seule association à tirer la sonnette d'alarme. La Fédération des banques alimentaires, dont la collecte vendredi et samedi derniers semble avoir été un succès, a aussi enregistré une hausse de 8 % des demandes, soit l'équivalent de 100 000 personnes supplémentaires à nourrir. Le Secours populaire a évoqué, lui, une hausse de 15 % à 20 % des demandes d'aides, en insistant sur l'apparition de nouveaux pauvres parmi des cadres, de petits commerçants ou des petits patrons touchés de plein fouet par la crise.
Pour autant, Bruno Lalande ne désespère pas de la générosité de ses contemporains, ni de l'efficacité de l'action des Restos. « Il y a 50 % de personnes nouvelles chaque année. Cela signifie que la même proportion a pu se sortir de la misère. Reste que nous devons constituer une aide et non pas une substitution permanente. » Et ce d'autant qu'en Gironde comme ailleurs, d'autres actions - insertion par le travail et réinsertion - se mettent en place pour que le recours à la distribution alimentaire ne soit plus un jour qu'un mauvais souvenir.
Auteur : Hélène Rouquette-Valeins
h.valeinsrouquette@sudouest.com